
“Le meilleur reste à venir”, tel est le titre de la lettre d’avant-propos de la brochure “circuits – séjours- croisières” de BT Tours pour 2023. Dans ces pages, le propriétaire Michel Salaün et le directeur général de BT Tours Benoit Dieu s’adressent directement à leurs clients, comme à de vieux amis. Ils ne tournent pas autour du pot en affirmant que “2003 s’annonce comme l’année de la réouverture et nous espérons tous qu’après le fléau de la guerre, nous pourrons bientôt revoir le monde tel que nous l’aimons.’’
Benoît me reçoit au siège de BT Tours, un immeuble de bureaux et de garages au milieu des champs dans la province du Hainaut. C’est là qu’il dirige, avec son équipe, un voyagiste spécialisé dans l’organisation de voyages de groupes dans le monde entier. Avec comme base la langue française, il s’adresse à des clients francophones qui peuvent ainsi vivre leur voyage de groupe ensemble, sans barrière linguistique. Je note une déclaration étonnante de prime abord : “Nous avons aussi des clients néerlandophones. En général, ils sont bons bilingues et ce qu’ils apprécient, c’est que nos guides ne parlent que le français !’’ Benoit voit mon regard un peu étonné et m’explique : ‘’Avec d’autres acteurs internationaux, ils doivent souvent former un groupe de plusieurs nationalités. Chaque guide doit alors répéter la même chose en plusieurs langues à chaque visite. Cela devient pénible à la longue”.
BT Tours est une entreprise qui existe depuis 1947 en tant qu’autocariste. En 2004, l’entreprise a été reprise par le Groupe Salaün, dirigé aujourd’hui par Michel Salaün, troisième génération de la famille. C’est presque immédiatement après cette reprise que Benoit Dieu rejoint BT Tours, fort de son expérience dans le tourisme de groupe et d’autocar. Depuis 2007, il dirige l’entreprise en Belgique en tant que directeur général.
Solidarité et responsabilité : ce sont des valeurs importantes lorsque l’on voyage dans le monde en tant qu’occidentaux privilégiés.
Le cœur des activités de l’entreprise, ce sont les voyages de groupe, qu’il s’agisse de voyages en autocar au départ de la Belgique ou de circuits dans le monde entier. Il s’agit toujours de voyages accompagnés par des professionnels expérimentés et francophones. Je demande d’emblée à Benoît s’il ne s’agit pas surtout d’une offre destinée aux personnes âgées ?
“Je ne peux pas nier que nous attirons généralement un public un peu plus âgé. Ce segment apprécie le transport et l’accompagnement depuis le pas de la porte jusqu’à l’aéroport de départ, ainsi que la prise en charge complète pendant le voyage. Il ne faut pas non plus oublier que nos accompagnateurs ajoutent des éléments au voyage, comme le contact avec la population locale, le choix de très bons restaurants et le fait d’éviter le stress à tout moment.”
“Mais ce concept n’intéresse pas seulement les personnes âgées. De plus en plus, nous constatons que de nombreux jeunes aiment aussi voyager en groupe et font appel à nos spécialistes pour organiser un beau voyage, avec tous les détails réglés à l’avance. Vous savez, Jan, lors des conférences et des salons, j’entends souvent parler du “hassle-free-trip’’ (voyage sans souci) que recherchent apparemment tous les acteurs en ligne. Eh bien, chez BT Tours, je pense que nous pouvons être fiers, grâce à notre approche, de rendre les vacances de nos clients quasi totalement “hassle-free”. Nous avons donc l’expérience, mais nous sommes aussi de plus en plus tendance”. (Sourire)
“Nous sommes également innovants. Par exemple, je suis ravi de voir combien nos “audiophones individuels” augmentent le confort et l’expérience de nos clients lors des visites de musées et d’autres lieux. Il s’agit d’appareils très légers, dotés d’une oreillette, qui permettent à chaque visiteur de comprendre les explications du guide de façon optimale et de contrôler lui-même le son. La portée va jusqu’à 300 mètres, de sorte qu’une visite en groupe d’un site historique, par exemple, devient beaucoup plus agréable et moins fatigante.”
Nous sommes l’un des plus importants secteurs économiques du pays, mais ce n’est que pendant la période de crise que nous avons réussi à le faire comprendre aux politiciens.
Benoit Dieu souligne également la responsabilité que vous avez en tant que voyagiste vis-à-vis des pays et surtout des populations que vous visitez. “Je suis très fier des sept “opérations de tourisme solidaire” dans le cadre desquelles le groupe apporte un soutien financier et logistique à des projets très spécifiques et à des communautés dans des pays comme le Sri Lanka, l’Ouzbékistan, le Vietnam et l’Inde, pour n’en citer que quelques-uns. Cela va du soutien à des écoles et des orphelinats à des projets dans le domaine de la santé. Solidarité et responsabilité : ce sont des valeurs importantes lorsque l’on voyage dans le monde en tant qu’occidentaux privilégiés.’’
Benoit a également été président de l’UPAV. Il était le prédécesseur du président actuel, Damien Maréchal. Sous sa présidence, les démarches entreprises précédemment en vue d’une collaboration avec la VVR ont été concrétisées. Je me souviens encore d’une déclaration qu’il a faite lors du congrès de l’UPAV à Chantilly, en présence de Koen van den Bosch, CEO de la VVR. Pour bien comprendre le contexte, c’était en 2019, pendant l’une de ces périodes de négociations interminables typiquement belges pour parvenir à un gouvernement. Benoit a déclaré, en introduisant l’un des dîners, “Si Koen et moi avions été formateurs, nous aurions eu un gouvernement depuis des mois”. Il est donc convaincu par la collaboration entre les deux organisations, mais dans le respect de la spécificité, de l’identité et des différences d’approche entre les deux parties du pays. “Au cours des négociations sur le covid, il est apparu plus clairement que jamais que le secteur du tourisme doit pouvoir parler d’une seule voix, défendre ensemble des positions claires et exercer un lobbying unifié dans l’intérêt de notre secteur. Nous sommes l’un des plus importants secteurs économiques du pays, mais ce n’est que pendant la période de crise que nous avons réussi à le faire comprendre aux politiciens.’’
Nous poursuivons notre conversation dans un petit restaurant super agréable au centre de Binche. La patronne italo-grecque connaît ses clients et n’hésite pas à nous faire comprendre qu’en ce qui concerne le choix des menus, il vaut mieux suivre ses suggestions. Benoît aime manifestement cette région, sa jovialité et les contacts spontanés entre les gens. “Je suis un homme du peuple, un autodidacte et un homme de terrain. J’ai beaucoup appris par l’expérience, mais je suis aussi doté d’une curiosité sans fin. C’est peut-être pour cela que j’aime tant ce métier et que je me sens si bien dans cette entreprise et dans ce groupe.’’
C’est en repensant à ces mots que je retourne vers Leuven. Plus tard dans la semaine, je vois des images du carnaval de Binche. Il fait bon vivre dans le Hainaut.
Photo © Maîtrise