
Tout le secteur aérien s’accorde à dire que les émissions doivent diminuer, mais il semble qu’il n’y ait pas de consensus sur la manière d’y parvenir. Si les compagnies aériennes, les gouvernements et les fabricants ne collaborent pas, l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050 risque fort de rester hors de portée.
L’Association internationale du transport aérien (IATA), qui représente la majorité des compagnies aériennes à travers le monde, a récemment affirmé que l’objectif de parvenir à des émissions « zéro net » en 2050 restait inchangé, malgré les avertissements lancés mercredi selon lesquels il pourrait devoir être repoussé. IATA a toutefois également reconnu que le secteur peine à atteindre cet objectif.
Cette mise en garde survient après que certaines compagnies aériennes ont exprimé en mars leurs inquiétudes concernant la lenteur de la production de carburant d’aviation durable (SAF). Sans ce carburant, affirment-elles, elles ne pourront pas respecter leurs objectifs en matière d’émissions.
« Les compagnies aériennes sont pleinement engagées à atteindre zéro émission nette d’ici 2050, mais il s’agit d’une transition énorme – une transition que les compagnies ne peuvent accomplir seules », a déclaré un porte-parole de l’IATA. « Malheureusement, nous sommes laissés pour compte. Les gouvernements n’ont pas réussi à offrir le soutien politique et financier nécessaire pour faire monter en puissance la production de SAF, alors qu’ils disposent pourtant d’un modèle éprouvé avec l’essor de l’énergie éolienne et solaire. »
La semaine dernière, Willie Walsh, directeur général de l’IATA et ancien CEO de British Airways, a déclaré que le secteur prenait du retard. « Nous devons réévaluer l’engagement à atteindre zéro net en 2050, car les compagnies aériennes ne reçoivent tout simplement pas le soutien dont elles ont besoin », a-t-il confié à Reuters.
L’IATA a également pointé du doigt les producteurs de carburant et les constructeurs aéronautiques pour leur lenteur. « Malgré leurs promesses, les grands producteurs de carburants ont suspendu ou abandonné leurs investissements dans la production de carburants renouvelables », selon le porte-parole de l’IATA.
L’IATA a identifié un autre obstacle majeur : les retards dans la livraison des nouveaux avions plus économes. Ces avions seraient environ 20 % plus efficaces que les anciens modèles, ce qui pourrait permettre de réduire les émissions dans la même proportion.
« Les constructeurs rencontrent des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement et de production et ne parviennent pas à livrer les avions commandés par les compagnies aériennes », a déclaré le porte-parole.
En février, Airbus accusait un retard de 8 652 avions, contre 6 197 pour Boeing, selon Forecast International.
L’Aerospace Industries Association, qui représente Airbus, Boeing et d’autres constructeurs, a déclaré que le secteur aéronautique et les autres parties prenantes doivent prendre la mesure de la complexité de la construction d’un avion.
« Nous exhortons toutes les parties prenantes à reconnaître la complexité que représente le respect – et le dépassement – des normes de sécurité strictes de l’industrie mondiale de l’aérospatiale, tout en maximisant l’efficacité, dans un contexte de réglementation complexe, de vents contraires économiques mondiaux et de défis continus dans les chaînes d’approvisionnement alors que les compagnies aériennes modernisent leur flotte », a récemment déclaré le vice-président de l’Aerospace Industries Association.
Conclusion : oubliez le zéro net en 2050. Tout le monde le sait, mais personne n’ose l’admettre. Et avec le climat géopolitique actuel, on a l’impression que tous les cris de « net zero » se réduisent à de simples murmures. Au fait, ça consomme combien, un F35 ? Je demande, hein.
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